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Biocontrôle IBMA France met la pression

Céline Barthet, présidente d’IBMA France : « L’objectif est d’accélérer le déploiement du biocontrôle. »

Les rencontres annuelles du biocontrôle organisées par IBMA France le 26 janvier ont passé en revue les freins et les leviers à son déploiement. Son ambition : atteindre 30 % du marché de la protection des plantes en 2030.

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Comment faire passer le biocontrôle à la vitesse supérieure ? La question devient un leitmotiv. Si les biosolutions représentent en France 11 % du CA 2019 en protection des plantes, la progression n’est pas la même pour tous les secteurs. Les grandes cultures restent à la traîne, alors que les filières spécialisées basculent nettement plus vite. « Depuis 2019, nous sommes à 50 % de biocontrôle pour la protection des cultures spécialisées, relève Claude Bizieux, directeur appro de la CAMN (Coop d’approvisionnement des maraîchers nantais). Nous tablons sur 70 ou 75 % en 2030, mais en attendant, il faut stabiliser le niveau actuel. »

Dans le secteur du légume industriel, le biocontrôle a aussi progressé. « Environ 20 % des surfaces que nous récoltons dans les Hauts-de-France ont recours au biocontrôle », estime Daphné Souliez, responsable projet chez Bonduelle. Pour Florette, filiale d’Agrial, le déploiement des salades et légumes zéro résidu de pesticides a fait changer les habitudes. « Le biocontrôle est pour nous une solution d’avenir », déclare Sébastien Tripon, directeur des achats de Florette.

Pousser l’accès au marché

Sur le plan réglementaire, le secteur subit toujours des freins. « Nous avons fait un pas décisif en apportant une définition précise du biocontrôle et en déplafonnant les crédits de l’Anses, mais cet effort doit être amplifié », note Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle. En effet, le délai d’homologation atteint plus facilement 15-16 mois que les six ou huit mois prescrits. Selon les participants à la journée IBMA, l’Anses devrait aller plus vite pour accélérer l’accès au marché. « Étoffer les équipes biocontrôle de l’Anses serait une première avancée », estime Céline Barthet, présidente d’IBMA France.

L’accélération pourrait venir de la publication de la stratégie nationale de déploiement du biocontrôle, annoncée le 10 novembre 2020 par le ministère de l’Agriculture. « Cette stratégie doit reposer sur des soutiens financiers et il faut la consolider, réaffirmait le ministre Julien Denormandie. La recherche devra aussi être soutenue à travers le plan France relance qui totalise 15 M€ de subventions pour 2021 et 2022. Il est important que le biocontrôle soit associé à de la création de valeur pour se développer rapidement. »

Une vision européenne

Le ministre entend faire partager la définition des produits de biocontrôle au plan européen. Car le même objectif est porté par la France et par l’Union européenne à travers les orientations du « Green Deal » et de la stratégie « Farm to fork ». Dans ce cadre, le déploiement du biocontrôle, associé à d’autres solutions alternatives, doit contribuer à ne pas laisser les agriculteurs sans solution. « Nous souhaitons aussi que la reconnaissance du biocontrôle soit portée par d’autres pays que la France et qu’elle s’intègre dans les textes européens », ajoute Denis Longevialle, secrétaire général d’IBMA France.

Déjà 40 % des usages couverts

En France, les 42 membres de l’association peuvent cependant se féliciter d’un résultat : un quart des fiches CEPP relèvent des biosolutions. Et 40 % des usages en protection des cultures étaient couverts par le biocontrôle en 2020. L’objectif est de se hisser à 60 % des usages couverts en 2025. « IBMA France a pour ambition de mettre sur le marché deux solutions de biocontrôle à modes d’actions complémentaires pour la majorité des usages à l’horizon 2030 », annonce Céline Barthet. Déjà 140 formulations nouvelles sont entrées cette année dans le système d’homologation en Europe. Pour mieux déployer le biocontrôle, la formation reste toujours un point sensible. Quatre pays européens ont lancé un projet digital e-training (BET). En France, l’Académie du biocontrôle a mis en place dès avril 2020 des sessions de formations modulables à distance. Elles concernent les utilisateurs et tous les acteurs, chercheurs, techniciens, expérimentateurs.

Anne-Marie Laville

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